La Revanche
Histoire de la colline

Histoire de la colline

Un plateau prairial
Avant d'être une colline, La Revanche fût un plateau de prairie à Plaisir entre les communes d'Elancourt et de Trappes. Ici, les vaches normandes venaient paître sur le chemin de leur transhumance annuel. C'est à la fin du XIXème siècle que l'activité humaine commence sur le site avec le creusage de carrière de pierre (meulière) et de sable. Matières premières pour la construction des maisons du territoire.
Fondations d’une maison d’une famille de carriers mise au jour par les travaux d’olympisation, au nord du site le long de la D912 – Photo prise le 08 février 2022 par Claude Stassinet
Les carrières et les carrièristes
Le dénombrement de Plaisir de 1881 recense un entrepreneur de travaux publics, un contremaître et sa famille ainsi qu'un carrier dans la seule maison du lieudit "La Revanche". C'est le début d'une exploitation de carrière de pierres meulières en cet endroit. L'exploitation ne cèssera de se développer, d'abord progressivement puisqu'en 1911 (soit en 30 ans) on atteindra dans cette seule maison : 6 chefs carriers employés par l'entreprise Berneron de Marly-le-Roi y vivent avec leurs familles. Puis drastiquement à partir de 1920 avec l'arrivé de Joseph Marzi, un exploitant de carrière italien, qui fit venir des hommes de Giaveno et fit construire sa villa-château en meulière à Trappes. En 1936 c'est quatorze carriers, ayant tous quitté La Maddalena Di Giaveno et sa banlieue, qui vivent avec leur familles à Trappes et exploitent desormais les carrières de l'entreprise Marzi à Plaisir, à Trappes, à Elancourt ainsi qu'en la Vallée de Chevreuse. La plus importante étant celle de La Revanche. Joseph Marzi meurt en 1953, sa villa-chateau est détruit en 1958 et son entreprise fermé en 1959.
Parallèlement à Marzi, d'autres entreprise ont exploitées les carrières de pierre mais également de sable de La Revanche : Dupont qui occupe la maison avec ses trois carriers et leurs familles en 1921. Champy, Boyer et Petitspied qui font compter trois maisons sur le lieudit en 1936. 
Vue aérienne du nord de La Revanche en 1934 – IGN Remonter le temps
Vue aérienne du sud de La Revanche en 1934 – IGN Remonter le temps
Le début des ordures ménagères
Dans le livre "La vie communale de Plaisir : de 1900 à 1980, hier, aujourd'hui, demain" publié par la commune de Plaisir en février 1971, on apprend que c'est : "au lendemain de la Seconde Guerre", que le dépôt de déchets ménagers démarre dans les carrières épuisées de La Revanche. En effet, il est besoin d'un terrain aux capacités plus grandes et La Revanche y répond très bien. On peut donc dater le début des dépot et d'enfouissement des ordures ménagères sur le lieudit à 1945 au plus tôt.
Dans ce livre il y a même une carte, retranscription du cadastre de début XXème siècle où La Revanche est encore attaché à la ville de Plaisir : c'est le secteur tout en bas à droite.
1959, la fin des carrières ?
Selon un reportage de mars 1995 que TV78 a rediffusé le 29 novembre 2019 dans son émission "Ça s'est passé... l'avenir de la colline d'Elancourt en réflexion dès 1995", l'exploitation des carrières de pierre meulière a fermé en 1959 souffrant de la concurrence du béton et des parpaings. La voix off explique pourtant que les carrières ont été exploitées jusqu'à la fin des années 70 laissant : "un receptacle idéal pour les ordures et se tranforment en décharge publique.".
L'inventaire historique des sites industriels et activités de service
La fiche Basias de La Revanche date au 1er et 2 janvier 1967 le début de l'établissement de la décharge de déchets industriels banals (DIB) et de la "collecte et stockage des déchets non dangereux dont les ordures ménagères" dans les carrières du lieudit. Ce document rédigé le 19 aout 1997 par le maire d'Elancourt : Jean-Michel Fourgous, l'actuel président de Saint-Quentin en Yvelines.
Le 1er octobre 1968, le corps de Stevan Markovic, l'ex-homme à tout faire d'Alain Delon, est retrouvé dans une décharge publique du lieudit "La Cavé du Roi" à Elancourt. Décharge non loin de celles de La Revanche, c'est les chemins boueux qui ont empêchés les criminelles de se débarasser du corps dans une fosse de notre lieudit...
Vue aérienne de La Revanche de 1967 – IGN Remonter le temps
La casse automobile
En 1971 apparaît la grande oubliée de l'histoire : la casse automobile. On l'aperçoit au nord-est du lieudit sur la vue aérienne de cette année. Cette casse n'auras de cèsse de s'étendre vers le nord-ouest du site jusqu'à la fin de l'exploitation industrielle de La Revanche. Fosse d'huile de vidange, carcasse de voiture... on devine bien les dechets que la casse enfouit sur le site et leur capacité de pollution.
En 1972 Saint-Quentin en Yvelines, qui est à l'époque un Etablissement Public d'Agglomération, acquière une partie de La Revanche.
Vue aérienne de La Revanche de 1971 – IGN Remonter le temps
Date de fin selon l'Inventaire historique des sites industriels et activités de service
La fiche Basias de La Revanche date au 31 décembre 1973 la fin de l'établissement de la décharge de déchets industriels banals (DIB) et de la "collecte et stockage des déchets non dangereux dont les ordures ménagères" dans les carrières du lieudit.
En 1974, l'enfouissement des dechets ménagers cèssent avec l'ouverture de l'usine d'incinération de Thiverval-Grignon.
Vue aérienne de La Revanche de 1973 de La Revanche – IGN Remonter le temps
Naissance de la colline
En 1981, les activités industrielles d'enfouissement en tout genre fonctionnent toujours à plein régime. La zone tout au nord-est du lieudit, investit par la casse automobile, à pris désormais de l'altitude. C'est la naissance de la colline, ses premières traces. La casse automobiles, dans son extension, prend d'avantage d'espace vers l'ouest où elle a desormais pris ses quartiers.
En 1983, Plaisir quitte Saint-Quentin en Yvelines, pour y revenir 33 ans après, qui avait acquis une partie de la Revanche en 1972. Le lieudit ainsi que La Clé St Pierre sont cédés à Elancourt. 
Vue aérienne de La Revanche de 1981 – IGN Remonter le temps
1992
La colline est désormais reconnaissable, les activités industrielles s'achèvent au profit de la végétalisation. Seule la casse automobile fonctionne encore pleinement au nord-ouest. Cette année là un concours national d'idée (CNI) est lancé auprès d'achitectes et de paysagistes pour l'avenir de la colline.
Vue aérienne de La Revanche de 1992 – IGN Remonter le temps
Le point culminant d'Île de France
En 1994 toute activité industrielle a céssé, la casse automobile est fermée : la colline est enfin achevée ! Elle culmine à 231 mètres d'altitude : le sommet de l'Île de France. 
Vue aérienne de La Revanche de 1994 – IGN Remonter le temps
A l'aube du troisième millénaire
Cette fin de siècle n'est pas pour autant synonyme de repos pour La Revanche !
Une exposition sur la colline est organisée par Elancourt, Saint-Quentine en Yvelines et le Conseil d'Architecture, d'Urbanisation et Environnemental des Yvelines (CAUEY) à l'Hôtel de Ville d'Elancourt du 10 au 23 mars 1995.
Suite au CNI de 1992, un appel d'offre est lancé en avril 1995. Un premier d'une longue série de projets a été retenue : activités de plein air et de glisse (luges d'été, escalade, parapente, loisirs urbains et déjà un restaurant panoramique), il ne verra jamais le jour.
A cette même époque un premier collectif s'est crée : Les Gens de la Colline. Il s'agit essentiellement des passionnés de parapente qui pratiquent sur la colline et qui luttent pour favoriser cette pratique aux travers d'amènagements adéquates. Ils déplorent les chemins boueux et les nombreux déchets rendant difficile voir dangereux l'accès au sommet. Ils voulaient faire de La Revanche un spot du parapente. Leur voeu ne sera pas entendu car, sous pretexte d'habitation construit en contrebas de la face ouest de la colline, le parapente y sera interdit quelques années après.
Le 4 avril 1996 est une date qui voit basculer l'histoire comptemporaine d'Elancourt et de Saint-Quentin en Yvelines : la droite emporte la mairie et Jean-Michel Fourgous est élu Maire d'Elancourt. Il deviendra Président de Saint-Quentin en Yvelines le 19 octobre 2017. Le déni et l'omerta se profilent telle une menace sur le millénaire naissant.
L'aventure humaine aussi puisqu'en 1998 le Vélo-Club d'Elancourt Saint-Quentin en Yvelines (VCESQY) crée La Revancharde : course cycliste locale qui a lieu chaque année sur La Revanche.
Les 21 premières années du XXIe siècle
Depuis l'an 2000, la colline de La Revanche en a vu de toutes les couleurs ! Candidature aux Jeux Olympiques & Paralympiques (JOP) de Paris 2012, restaurant d'altitude, Skidôme (hangar géant réfrigéré avec pistes de ski)... des projets plus fantaisistes et irréalisables les uns que les autres ont défilés d'années en années mais aucun n'a vu le jour. On lui changera même son nom en 2004 pour lui faire porter celui de sa commune.
Outre le VCESQY et La Revancharde, les randonneurs, simples promeneurs, férus de la motocross et autres cyclistes du dimanche ont fait de ce sommet francilien leur spot.
En 2014, le projet de SkiDôme SnowWorld Paris a subit une levée de bouclier citoyenne avec la création d'un second collectif revanchard : Les Amis de La Revanche. Depuis, chaque année au 1er janvier une poignée de bons vivants arrosent la nouvelle année à son sommet.
Paris a obtenue l'organisation des JOP de 2024, la colline de La Revanche est officiellement et définitivement selectionné en décembre 2020 par le Conseil International Olympique (CIO) et l'Union Cycliste Internationale (UCI) pour accueillir l'épreuve olympique de VTT. Ce projet verra le point d'orgue des projets farfellus et hors-sujet proposer pour incarner "l'héritage olympique" de Paris 2024 pour la colline. Aucun de ces projets ne verra le jour.
La colline est donc promis à un destin olympique. Un destin dangereux donc Les Agités de La Revanche veillent...